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Péchés capitaux de Jim Harrison

Publié le 21/04/2017 à 12:39 par sebastienvidal Tags : vie monde roman homme chez belle femme nature femmes fille pouvoir sur amoureux maison
Péchés capitaux  de Jim Harrison

                                              Péchés capitaux

                                    De Jim Harrison, éditions Flammarion

 

Ça m’a fait bizarre dans les tripes de commencer ce roman. Parce que c’était le dernier roman écrit par Big Jim, et même s’il m’en reste des tas à lire de lui, celui-ci est son ultime, et c’est symbolique. Avec ce bouquin il y a l’idée que c’est fini, terminé. C’est dur de réaliser. Ça file la gueule de bois. En même temps j’étais pressé de le lire, parce que j’avais beaucoup aimé « Grand maître » et que « péchés capitaux » en est la suite.

Quel plaisir de retrouver Simon Sunderson, flic à la retraite, bon vivant avide de plats succulents et un peu prisonnier de l’alcool et de sa libido. Un homme complexe, un homme conscient de ses défauts et résolu à les combattre, mais un homme avec une volonté friable, surtout quand il s’agit d’alcool et de femmes.

Maintenant à la retraite, Sunderson n’aspire qu’à une seule chose, s’adonner sans limite à sa passion, la pêche à la mouche. Les truites brunes n’ont qu’à bien se tenir. La pêche, la grande affaire de Simon Sunderson. C’est pour cette raison qu’il décide de quitter ses bases et achète un chalet dans le Nord Michigan. Tout autour, des rivières somptueuses, une nature omniprésente, une voisine qui jardine dans un minuscule short vert et …des voisins, tout une tripotée, les Ames, pires qu’un vol de crickets sur une plantation de maïs. Ici, les Ames sont craints comme la peste, même la police locale évite d’avoir à faire avec eux. Le clan constitue une famille de dégénérés de pères en fils et de cousins en cousines. Ils cultivent une ancienne tradition de violence et de rapine, de meurtres et de délits foireux. Baignés dans des litres d’alcool, ils s’entre-déchirent et pourrissent la vie des environs. C’est qu’ils ont la gâchette facile ces tarés. Dans cet univers en déliquescence, seules les femmes semblent d’équerre. Fatigué de sa vie de flic, Sunderson a pour premier réflexe d’ignorer ces voisins gênants. Mais il va se rendre compte qu’il ne pourra pas continuer de la sorte bien longtemps, parce que les Ames débordent de partout ; ils sont du genre envahissant, parce qu’un des leurs, Lemuel est bien plus fûté que le reste de la tribu, et parce qu’il y a Monica, une des filles Ames, Monica qui vivait dans le chalet de Sunderson avant qu’il n’en devienne propriétaire. Et Monica possède des arguments que Simon est incapable de repousser, du genre rebondis et soyeux. Et la belle jeune femme cuisine divinement bien, tant et si bien qu’elle va vite aménager chez Sunderson pour cuisiner, faire le ménage et passer à la casserole plusieurs fois par jours. Le début des emmerdes parce Monica manque cruellement aux autres débiles, ceux de sa famille, ceux qui sont juste capables d’ouvrir une bouteille de whisky mais infoutus de préparer quoi que ce soit pour se sustenter.

 

En parallèle Sunderson tente d’oublier sa bévue horrible avec Mona (voir Grand maître), son ancienne jeune voisine de Marquette qu’il avait aussi culbuté et qui ensuite, a été adoptée par Diane, l’ancienne femme de Sunderson. La honte le tenaille de n’avoir pas résisté aux avances de la juste majeure, et les reproches de Diane et de son meilleur ami Marion l’enfoncent encore un peu plus dans le marigot. En se mettant plus ou moins officiellement avec Monica, Sunderson culpabilise, car Monica pourrait aisément être sa fille. Mais le sexe le tient et la concupiscence le corrode en cachette. Pour ne rien arranger Simon a enfin réalisé et accepté qu’il était toujours amoureux de Diane, la seule qu’il ait vraiment aimée. Il se prend à croire qu’il peut recoller les morceaux. Encore faudrait-il qu’il en finisse avec son addiction à l’alcool, cette substance qui a torpillé son mariage aussi sûrement que les torpilles Britanniques le Bismarck.

 

Quand les premiers morts surgissent autour de Sunderson, il sent bien qu’il va falloir jouer serré et que l’issue est loin d’être connue. L’affrontement avec les Ames semble inévitable, tout à l’air de partir en vrille, la situation va-t-elle lui échapper ?

 

Dans cet ultime roman, qu’il qualifie lui-même de faux roman policier, Jim Harrison pousse au bout et à bout son personnage si attachant de Simon Sunderson. Un homme vieillissant, bientôt septuagénaire, en proie à l’alcool et à un priapisme inquiétant, un homme en quête d’amélioration et qui traîne une pleine brouette de regrets. Entre les bons petits plats et les galipettes, entre les parties de pêche à la truite et les phases d’introspection, notre ex inspecteur va en baver des ronds de chapeaux et va devoir faire preuve d’une très grande volonté s’il veut s’en sortir.

 

Au-delà de ce personnage pour lequel on ne peut qu’éprouver qu’une grande empathie, Jim Harrison nous dresse un assez effroyable tableau de cette Amérique invisible des grandes métropoles, celle des ploucs et des villes perdues, des rednecks et des vastes étendues presque oubliées. Dans ces lieux de perdition, la violence est omniprésente, presque l’ombre des hommes, elle se cache dans le souffle du vent, dans les méandres des heures d’ennui écrasées de chaleur et aussi dans le vide sidéral des semaines rongées par l’oisiveté et l’alcoolisme. Big Jim nous rappelle que ce pays immense s’est construit sur la violence, que cette chose est immanente, qu’il ne peut en être autrement. Quand on a fabriqué ce pays sur le vol, l’assassinat, le mensonge et la confiscation des terres indiennes, comment pourrait-il en être autrement ? Toute sa carrière, Jim Harrison a écrit sur ce sujet encore brûlant pour beaucoup de ses compatriotes, ce tabou, ce  « grand cadavre dans le placard de l’Amérique » comme il aimait à le dire. Et cette violence endémique, enracinée sous chaque pierre, chaque maison, repliée dans les moindres replis des âmes pourries par l’excès d’alcool, cette violence le fascine toujours autant et il n’a jamais cessé de vouloir l’expliquer.

 

L’auteur ne s’est pas départi de son analyse fine et de sa plume alerte pour écrire ce qui restera son dernier roman, on y trouve de sacrés bons moments de lucidité et une grande acuité sur ce qu’est le monde actuel, surtout dans les interstices de son pays, là où vivent et survivent les oubliés, ceux qui, comme il le disait, n’ont pas voix au chapitre. Le fils du fermier, le mécano, la serveuse du bar ou la policière un peu isolée dans un monde de mecs. Lui, il pouvait être tous ces gens, toutes ces personnes, il pouvait entrer dans leur peau et dans leur tête.

 

Et puis toujours ces considérations, comme page 209 : Mourir dans une ambulance devait être horrible. Est-ce votre âme qui hurle ou bien l’ambulance ?

Harrison nous montre combien son analyse du genre humain est affûtée, page 225 : Sunderson ferma les yeux sur tout ce sang versé et sur le fait que les révolutions ont la fâcheuse tendance d’accroître le pouvoir de l’État.

Mais ne croyez pas que ce récit va vous embourber en pleine cambrousse. Non, Big Jim va vous emporter à New-York, Séville, Barcelone et même Paris. Mais ça c’est une surprise …

 

Enfin, je retiens ce qui restera comme la dernière phrase de roman écrite par cet immense écrivain. Page 350, la toute dernière : Maintenant, ils remontaient tous deux vers la surface.

Si ça se trouve, c’est exactement ce qu’il fait avec nous Big Jim, nous faire remonter vers la surface.



Commentaires (2)

angelilie le 01/05/2017
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte et un enchantement.N'hésitez pas à venir visiter mon blog en lien ici : http://mondefantasia.over-blog.com/
au plaisir


Anonyme le 16/04/2019
J'aime beaucoup votre critique qui est aussi très bien rédigée. Bravo...
Je viens de publier une critique de "Péchés Capitaux" sur clesbibliofeel et me retrouve tout à fait dans vos propos même si nous n'avons pas mis en avant les mêmes éléments. Preuve que l’œuvre de Harrison est riche et vaste.


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