travail vie monde homme roman société femme mort histoire mode pouvoir chiens chez
Rubriques
>> Toutes les rubriques <<
· Petites critiques littéraires (298)
· Les chansons sont aussi de l'écriture (13)
· INTERVIEWS D'AUTEURS ET ECRIVAINS (6)
· Peintures et mots enlacés (30)
· Classiques contemporains (15)
· Récit de dédicaces (17)
· Humeur d'auteur (15)
· Coups de coeur (8)
· Les mots du cinéma (13)
· Coups de sang ! (4)
merci pour ton superbe commentaire sur cette chanson des plus marquantes de dire straits. comme toi, sans comp
Par Anonyme, le 01.10.2025
l’interprét ation de joan baez arrive encore à magnifier cette magnifique chanson
Par Anonyme, le 18.06.2025
merci pour cette analyse tellement juste de notre génie poète.
ce fût un plaisir de vous lire
Par Anonyme, le 06.06.2025
merci pour cette traduction.
j'écoute très souvent cette chanson riche de ce message qui exprime la bêtise h
Par Anonyme, le 24.05.2025
je pense et même je le souhaite au plus profond de moi, qu'un jour une école de france pays initiateur des dro
Par Anonyme, le 02.10.2024
· Brothers in arms (Dire Straits)
· Mistral gagnant
· L'homme aux cercles bleus, de Fred Vargas
· Entretien avec Claude Michelet
· INSURRECTION, les maîtres d'Ecosse
· Légendes d'automne de Jim Harrison
· Des roses et des orties de Francis Cabrel
· Pierre Bachelet
· Il est libre Max de Hervé Cristiani
· Récit de dédicaces
· L'alchimiste
· Pensées pour nos Poilus
· La ligne verte, de Stephen King
· L'équipage, de Joseph Kessel
· "Les enfants des justes" de Christian Signol
Date de création : 08.07.2011
Dernière mise à jour :
25.09.2025
439 articles
Code 93
Olivier Norek éditions Pocket
Sans que l’on sache pourquoi, sans pouvoir déterminer d’où vient cette impression, on sait en lisant les premières lignes que l’on est entré dans une histoire qui sent le vécu et le réel. Je ne dis pas que Code 93 est une histoire vraie, non, je dis que les ingrédients qu’Olivier Norek a utilisé pour nous mitonner ce polar sont tous issus d’une agrilittérature bio. Du vieux Post-it collé sur le frigo rappelant qu’il faut acheter du sucre, au téléphone sommeillant en mode vibreur sur l’oreiller inoccupé, il y a comme un parfum ancré dans une vie déjà vécue.
Ce qui manque parfois aux auteurs de polars c’est cela, la petite touche qui vous fait basculer, le petit truc insignifiant qui vous fait vivre le récit en trois dimensions. La vieille 306 exsangue qui refuse de démarrer dans le matin glacé on ne peut pas l’inventer, on ne peut que l’avoir conduite. Dès le premier chapitre, comme dans cette scène où l’inspecteur Coste roule dans cette aube qui se fait attendre, sur cette quatre voies lugubre qui s’enfonce dans la banlieue, par le ton et l’atmosphère qui se dégage, on sait d’une manière qui tient de l’intime, que notre gars, il l’a empruntée un paquet de fois cette route, cette veine grise qui alimente le gros cœur de la capitale.
Donc voilà, assez maladroitement, j’essaie de vous dire chers lecteurs que cet auteur, Olivier Norek, il s’y connaît en détails et en ambiances, et les détails et les ambiances, dans les polars, c’est vachement important. (qu’il est moche ce mot « vachement », mais qu’est-ce qu’il est efficace !). Donc de suite nous sommes embarqués (normal avec des histoires de flics ! Oui je sais, c’est nul comme vanne), on est emporté par le ton (je l’ai déjà dit non ?) et on commence à tourner les pages sans vraiment s’en apercevoir, on est pris. Ensuite il y a l’histoire. Pas banale, recherchée même. Du genre qui accroche mais apparaît néanmoins réaliste. Ah oui, au fait, l’histoire.
Le capitaine de police Victor Coste est galérien dans une unité criminelle du 93, le neuf-trois comme on dit. Sa vie se résume à son boulot qui le passionne, le fatigue et l’isole en même temps. Autour de notre flic, c’est une équipe très soudée et organisée, professionnelle, des supérieurs cyniques et carriéristes, une société qui coule dans les hurlements et la violence, une morale qui agonise et un pays sclérosé par une administration plus immobile qu’un cadavre à la morgue.
Victor Coste vit seul, c’est un genre de zombi qui se tiendrait du bon côté, un homme qui se garde bien de réfléchir plus d’un instant sur son existence sous peine de sombrer pour de bon dans la folie, ou pire, la déprime. La déprime, ce tueur silencieux qui liquide chaque année tant de flics usés jusqu’à la corde, la déprime, une des facettes d’une pièce de monnaie mortelle, pile la déprime, face le burn-out.
Notre capitaine est appelé sur les lieux d’un crime. Entrepôts désaffectés du canal de l’ourcq. Un colosse black retrouvé mort et émasculé, il porte un pull blanc troué de trois balles …
Neuf mois plus tôt, dans un tiroir de l’IML, une famille se retrouve devant le corps sans vie d’une jeune femme toxico, le corps abimé par des sévices, le sexe et l’anus ravagés. Son visage tuméfié n’exprime plus que l’attente de l’éternité, et peut-être le soulagement d’en avoir enfin terminé avec la vie sur terre. La vieille dame et le jeune homme ne reconnaissent pas le macchabée, le lieutenant Mathias Aubin, du groupe du capitaine Coste, rédige le document de non reconnaissance.
Tout se complique lorsque le géant black se réveille sur la table d’autopsie quand le scalpel commence à l’entailler.
Le capitaine Coste, qui en a vu des affaires bizarres comprend dans l’instant qu’il a mis les pieds dans un gros pot de pus. Comme pour corroborer les impressions de son sixième sens, quelqu’un commence à lui envoyer des lettres anonymes, des courriers qui parlent d’un mystérieux « Code 93 ». Ces missives inquiétantes le mettent à chaque fois la piste d’une affaire criminelle non élucidée ou transmise on ne sait où. Curieux et inquiet à la fois, Coste va enquêter et suivre le sentier épistolaire qui semble le mener sur un territoire qu’il connaît bien. Et si l’origine de tous ces évènements était la même ? Et si les causes et les conséquences sentaient vraiment la merde, de celle qui pue vraiment, celle qui vient d’en haut, celle qu’on cache avec naïveté sous les tapis épais des ministères ?
Comme si la vie de chef de groupe d’une unité criminelle n’était pas assez compliquée, Coste doit gérer le départ de son bras droit Mathias Aubin, muté à Annecy à sa demande. Une catastrophe n’arrivant jamais seule, il doit aussi intégrer une nouvelle recrue, une lieutenante à peine sortie d’école. Alors que la cohésion de son équipe est menacée Victor Coste va devoir coller son nez sur la piste encore chaude du « Code 93 » et tenter de sauver les meubles.
Non content de nous sortir une histoire originale, l’auteur nous comble avec un vrai sens du dialogue et un style qui ne demande qu’à s’épanouir.
Morceaux choisis : Page 114 : L’amour, ça déborde comme un coloriage d’enfant.(J’adore l’image, il n’y a rien à ajouter, on voit très bien, pile dans le mille)
Page 189 : Il est de coutume que lorsque deux flics font connaissance, l’un comme l’autre déroulent leurs parcours, comme deux chiens se sentent le cul.
Page 306 : Les chiffres sont tout, (…) c’est parce qu’on peut tout leur faire dire qu’on les faits tant parler.
Chères lectrices, chers lecteurs, cet homme est dangereux, il possède le sens rare de la formule, celle qui fait mouche, celle qui reste gravée dans votre esprit comme un tatouage invisible.
Sa manière de mener sa barque, dans les baskets du capitaine Coste, presque caméra à l’épaule est bluffante. Et certains en sont pour leurs frais, des ronds de cuir qui roupillent dans les bureaux climatisés à l’épaisse moquette pendant que les vrais flics perdent leur santé à traquer les truands de tous poils, des obsédés des statistiques qui construisent leur carrière sur des tas de chiffres vides de sens, des incohérences de l’administration qui est devenue folle et dangereuse, il y en a pour tout le monde, prenez un ticket et faites la queue. Mais attention, tout cela est fait avec talent, cette description assez désespérante de notre « administration » et de notre société s’écoule au fil de l’enquête et toujours à propos. Du bel ouvrage.