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Mille femmes blanches, de Jim Fergus

Publié le 20/07/2015 à 11:39 par sebastienvidal Tags : vie moi monde homme roman bonne chez enfants société femme histoire dieu nature femmes voyage chevaux pouvoir
Mille femmes blanches,  de Jim Fergus

Mille femmes blanches

de Jim Fergus, éditions Pocket

 

 

 

Somptueux. Quand je réfléchis à ce que m'a laissé ce roman, à sa construction, à tout ce qu'il véhicule, c'est ce mot qui s'impose, somptueux.

Jim Fergus est de la race des plus grands, il voyage dans le même train littéraire que Jim Harrison, Dan O'Brien, Craig Johnson ou encore James Lee Burke. Doté d'un sens de la formule et d'un style qui nous entrainent immédiatement, Jim Fergus nous emmène au pays des indiens, dans ce monde millénaire au moment ou il rencontre le monde occidental. Un choc d'une puissance inouie, autant culturel que militaire.

Sans pathos, il nous fait assister à ce qui s'apprête à être la plus grande spoliation de l'histoire humaine suivie d'un génocide qui ne dit pas son nom. Tout au long de ce roman je me suis posé la même question, comme une antienne lancinante à laquelle aucune réponse humaniste ne peut répondre. Comment tout cela à pu arriver ? Notre esprit n'a que la peine et l'effroi à nous offrir en réponse, et aussi le dégoût.

Avec une imagination débordante l'auteur nous raconte l'histoire vraie d'une tentative d'expérimentation sociale tentée par le gouvernement américain du président Ulysse Grant. Il nous raconte la vie incroyable de May Dodd.

 

En 1874, le grand chef Cheyenne Little Wolf se rend en délégation à Washington. Devant l'énorme poussée des colons blancs et la confisquation de leur terre par le pouvoir blanc, les indiens sont acculés au pied des rocheuses et des Black-hills. Visionnaire, le grand chef indien pressent ce qui va arriver à sa nation et il cherche une solution. Il propose un échange de bons procédés. Le gouvernement blanc offre aux Cheyennes mille femmes blanches et les indiens donneront en contrepartie mille chevaux sauvages. Les chevaux représentent ce qui est le plus précieux dans la vie d'un indien, il permet de se déplacer rapidemment et de chasser, pour un peuple nomade comme les Cheyenne cet échange n'est pas anodin. En faisant cela, Little Wolf espère fondre sa tribu dans le monde blanc qui avance inexorablement. Il espère que ces mille femmes blanches donneront naissance à des "sang mêlés" et que ces enfants créeront un lien puissant entre ces deux cultures. Il préfère voir sa nation se diluer plutôt que disparaître.

 

Mais les politiques américains n'ont jamais joué franc jeu avec les indiens, mentant, revenant sans cesse sur les accords pourtant noués par des traités officiels. Ainsi, ils vont recruter des "volontaires" pour participer à ce vaste programme secret d'expérimentation sociale. Loin d'envoyer une bonne représentation de la société américaine, ils envoient des criminelles, des clochardes, des femmes enfermées dans les asiles. On voit dès le début le peu de respect que le monde blanc nourrit à l'égard de ceux qui sont là depuis des millénaires.

Jim Fergus nous fait suivre l'itinéraire d'un groupe de femmes "désignées volontaires" faisant partie de ce fameux programme. En particulier nous faisont la connaissance de May Dodd. Cette jeune femme insoumise appartenant à la haute société a été enfermée dans un asile sur ordre de sa famille. Son crime ? Elle a voulu vivre sa vie et épouser un homme de condition inférieure. Ce projet morganatique lui fut fatal. Séparée de son mari et de ses deux enfants, elle va subir les pires outrages durant ces années d'enfermement, dans un lieu où le droit n'a pas d'existence. Entre devenir vraiment folle ou partir chez les "sauvages" elle choisit la liberté et l'imprévu. Ce qu'elle va découvrir, ce monde qu'elle ne soupçonnait pas, va l'éblouir. Avec ses nouvelles amies participant à l'aventure, elle va s'accrocher, lutter pour s'intégrer à cette culture tellement éloignée de la sienne. Une culture bien plus respectueuse de la condition des femmes, une culture qui vit en osmose avec la nature, qui laisse une empreinte quasi invisible de son passage tant son impact environnemental est faible. Car ce monde là n'exploite pas la nature et la planète pour s'enrichir, c'est une notion qui n'existe pas chez les indiens, ce monde là se contente de vivre sur ce sol qui lui donne tout ce dont il a besoin. Avec application, May Dodd va consigner ses aventures et ses considérations sur ses carnets pour qu'un jour ses enfants connaissent la vérité sur ce qui lui est arrivé.

 

Et c'est là la grande originalité de ce roman. Nous découvrons l'histoire au travers de ces carnets, imaginés par Jim Fergus. Il en découle un contact direct avec les évènements, un ton ancré dans l'époque et la mise en perspective de ces deux visions opposées du rapport au monde et à l'humanité.

Au delà des rapports humains et sociétaux, des enjeux financiers colossaux, Jim Fergus nous parle d'une nature et d'un nouveau monde fabuleux, d'une beauté incroyable.

Comme page 31, ces lignes du carnet de May Dodd : J'ai le souffle coupé devant le spectacle des terres immenses qui s'ouvrent devant nous, de l'indescriptible étendue de la vaste prairie solitaire. J'en reste étourdie, défaillante, mes poumons me donnent l'impression de s'être soudain vidés, et moi, de m'être jetée à la lisière du monde ...

Des passages subimés par ce monde que l'on imagine avec aisance grâce la plume de Jim Fergus.

Et comment mieux résumer la vie des indiens que par cette phrase page 294 : Et nous revoilà en marche ...Nos chevaux partent en trottant retrouver la plaine, où le peuple suit le bison, lequel suit l'herbe verte qui, elle, naît de la terre.

Malgré cette découverte intime de la vie d'une tribu, nous ne pouvons pas écarter de notre esprit cette grande peine, ce désespoir coupant, car nous savons bien comment tout cela va finir. On aura épargné aucune avanie, aucune humiliation, aucune traîtrise au peuple autochtone pour s'accaparer toujours plus de richesses.

 

Mais au delà de l'histoire, l'auteur nous l'explique à mots couverts. Les racines du mal ont débarquées en même temps que les pionniers du Mayflower. Les gens qui sont déscendus de ce navire étaient des religieux invétérés, ils n'étaient pas des démocrates. Leur culture n'était faite que de violence et de contraintes. Ils ont reproduit ce qu'ils connaissaient à une échelle terrifiante. Toujours portés par ce défaut occidental de se croire supérieur, de se penser désigné par le droit et la justice puisque représentant de dieu. C'est très bien expliqué avec cette tirade page 22, une saillie glaçante : Le génocide d'une race entière étant considéré par le grand nombre comme moralement tentant et politiquement acceptable ...

Ce roman vous transformera, il vous fera mal parfois mais vous connaîtrez surtout l'ébouissement de connaître une culture évanouie, une nation simple et baignée de bon sens, bon sang que ces générations là ont dûes être heureuses ... Jusqu'à l'arrivée des premiers colons ...

N'hésitez pas, partez fouler la prairie immense et ses hautes herbes, admirez les montagnes sacrées, les Black-hills sous le soleil tombant, chevauchez à folle allure des chevaux sanguins au milieu de milliers de bisons lancés à pleine vitesse, goûtez la chaleur et le confort d'un tipi Cheyenne et le plaisir d'une baignade matinale dans la powder river et ouvrez-vous à un monde dont nous avons tant à apprendre. Les Cheyennes tels qu'ils étaient en 1875 ne sont pas disparus, ils sont bien vivants dans le roman de Jim Fergus.

Commentaires (1)

aufildejb le 20/07/2015
Cela fait longtemps que je me dit qu'il faut que je me procure ce livre dont j'ai déjà entendu dire beaucoup de bien. Et là vous m'avez totalement convaincu. Amitiés. Jacques
http://aufildejb.centerblog.net


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